Le burn-out ou syndrome de l’épuisement professionnel est un terme créé en 1980 par le psychanalyste américain Herbert J. Freudenberger. Il désigne l’état d’épuisement physique, émotionnel et mental lié à une dégradation du rapport d’une personne à son travail.
Dans le contexte socio-économique actuel, l’épuisement professionnel frappe toute la communauté des travailleurs sans distinction d’âge, de sexe, de profession, de position et se situe en 2e position dans les affections d’origine professionnelle.
- Symptômes
L’identification des facteurs de risque de l’épuisement professionnel permet de déceler essentiellement la surcharge de travail, la soumission à une pression extrême, le manque de contrôle sur son travail, de reconnaissance, récompense, l’iniquité, des objectifs flous, l’insécurité de son emploi…
Le plus souvent, une personne en phase de connaitre le burn-out présente une multitude de symptômes parmi lesquels des troubles du sommeil, un comportement agressif, le repli de soi, l’irritabilité, des tensions musculaires, une prise ou perte de poids, maux de tête, nausées, vertiges, le manque de concentration, la démotivation…
- Diagnostic
Au Sénégal, le burn out reste une maladie difficile à diagnostiquer dans nos entreprises, en raison soit du déni du salarié qui a très souvent peur de la stigmatisation de l’employeur soit parce que le médecin du travail ne dispose d’aucunes indications légales et médicales pour pouvoir détecter et qualifier la maladie.
A notre connaissance, il n’existe aucune description légale des manifestations du burn out ou des travaux ou services susceptibles de provoquer la maladie, qui puisse permettre au médecin du travail d’assoir son diagnostic.
Aussi, le burn out n’est pas reconnu comme une maladie professionnelle au Sénégal.
- Prise en charge
Il est important de préciser que l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a affirmé, lors de sa 72ème Assemblée mondiale, que le burn-out est un « phénomène lié au travail ».
Le syndrome ne fait pas actuellement l’objet d’un diagnostic officiel dans les classifications médicales de référence que sont la Classification Internationale des Maladies (CIM-10) de l’Organisation Mondiale de la Santé OMS et le Manuel Diagnostique et Statistique des troubles mentaux (DSM-V) de l’association américaine de psychiatrie. Ainsi, il ressort de ces dites classifications médicales que le burn-out ne se caractérise pas par un « diagnostic clinique » unique et précis faisant état à la fois de symptômes et de causes bien établis. En revanche, il est défini comme un syndrome regroupant un ensemble de signes cliniques et de symptômes qui apparaissent progressivement chez l’individu, sans pour autant se référer à un élément causal dans sa définition.
N’étant pas considérée comme une maladie professionnelle au Sénégal, le burn out n’est pris en charge ni par l’Etat, à travers la Caisse de sécurité sociale ni par les Institutions de Prévoyance Maladie (IPM) ni par les Compagnies d’Assurance.
Le travailleur qui est en proie au burn-out bénéficiera d’une couverture maladie, comme pour toute autre maladie touchant à son état physique.
Selon la sévérité du syndrome, un arrêt de travail pouvant aller de deux à trois mois, voire six (6) mois peut être observé et parfois même un traitement antidépresseur s’avère indispensable dans le cadre de l’accompagnement.
Ensuite, la sollicitation d’un psychothérapeute (médecin spécialiste en psychiatrie ou psychologue) est conseillée afin d’analyser la situation et de voir avec la victime comment sortir de l’isolement, réapprendre à trouver l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée, mettre ses limites en définissant mieux ses priorités… (work-life-balance)
Toutefois, que faire si le travailleur n’arrive pas surmonter le burn out ?
S’il est difficile au travailleur de remonter la pente, on peut craindre, devant le silence de la loi, que la rupture du contrat de travail est inéluctable, soit qu’elle émane de l’initiative du travailleur (démission) soit de l’employeur (licenciement pour manque de performances du travailleur par exemple) soit de la volonté commune des parties.
Il est indéniable que les profondes mutations socio-économiques touchant le monde de l’entreprise, avec le recours généralisé à de nouveaux modes collaboratifs de travail tel que le travail à distance ont des impacts sur la vie personnelle des travailleurs.
Dès lors, n’est-il pas temps d’envisager l’évolution des maladies professionnelles dans le cadre de la prochaine réforme du Code de la Sécurité Sociale qui tient compte des nouveaux risques professionnels induits par le télé-travail: le législateur doit assurer aux travailleurs une protection sociale tant contre les maladies professionnelles touchant à l’état physique que contre celles perturbant l’état mental des travailleurs et causées par des facteurs de stress professionnel non discutables.